L’enfant terrible de la météo revient après sept ans d’absence. C’est l’alerte lancée par les météorologues du monde entier, qui fait l’effet d’un coup de massue. Comment expliquer la réapparition de ce phénomène ? Quelles seront ses conséquences ? Peut-on anticiper les dégâts ? Décryptage.
Une renaissance surprenante ?
Mardi 4 juillet, l’ONU a officiellement déclaré le retour du phénomène météorologique et enjoint “les gouvernements du monde entier à se préparer” à une augmentation des températures mondiales.
Inattendu ? Pas vraiment, car l’organisation météorologique mondiale (l’OMM) avait estimé il y a quelques mois à 98% la probabilité d’un record de températures dans l’une des cinq prochaines années. D’autant plus qu’El Niño survient tous les deux à sept ans selon les experts, et dure en général entre 9 et 12 mois.
Mais c’est quoi exactement, ce phénomène météorologique ?
“C’est le résultat d’un changement rapide et substantiel aussi bien dans l’atmosphère et dans les océans”, explique Wilfran Moufouma Okia, responsable de l’organisation météorologique mondiale (OMM). Concrètement, El Niño se caractérise par le réchauffement des températures de surface de l’océan dans le centre et l’est de l’océan Pacifique tropical.
Le phénomène entraîne un bouleversement climatique, qui provoque des précipitations intenses et des périodes de sécheresse rudes. On observe par exemple des incendies plus dévastateurs en Australie, des risques d’inondations accrus en Amérique Latine et dans le sud des États-Unis, des précipitations supérieures à la moyenne en Afrique Centrale… De quoi causer des dégâts intenses !
💡Bon à savoir :
El Niño est en fait un phénomène très ancien et cyclique, puisque les archéologues ont retrouvé des traces datant d’il y a plusieurs milliers d’années. Il s’agit en fait d’un rééquilibrage naturel du système climatique. Le problème : l’épisode actuel « s’inscrit dans le contexte d’un climat modifié par les activités humaines », résume l’OMM.
Quels dégâts faut-il attendre en 2023/ 2024 ?
Difficile de prédire exactement quelles seront les conséquences d’El Niño, mais les spécialiste s’accordent à le dire :
“L’arrivée d’El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans ».
Outre les phénomènes météorologiques extrêmes qui pourraient survenir (incendies, sécheresses, ouragans, inondations…), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint également une recrudescence des maladies liées à l’eau (choléra), ou encore transmises par les moustiques (paludisme, dengue).
Quid de la France ?
En France, les effets devraient se faire ressentir en 2024. Éloigné de la zone pacifique, le pays souffrira à retardement des conséquences.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que les gaz à effet de serre combinés au phénomène El Niño devraient entraîner les 5 années les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début de l’ère industrielle.
Comment peut-on anticiper les catastrophes naturelles ?
20 millions de personnes devraient être affectées par des désastres climatiques dans la prochaine décennie. Pour limiter les dégâts, quelles sont les solutions à notre disposition ?
« Les réponses d’urgence sont un pansement indispensable mais insuffisant. Il faut agir maintenant. Les gouvernements et les organisations humanitaires doivent avoir un temps d’avance pour prévenir et réduire les impacts d’El Niño avant que les tragédies ne frappent. », explique Philippe Lévêque, directeur de l’ONG CARE France.
Des alertes précoces devraient être lancées, afin de prévenir les populations les plus vulnérables de potentiels désastres à venir. Parmi les mesures proposés par l’ONG :
- Soutenir la sécurité alimentaire ;
- Assurer un accès à l’eau et l’assainissement ;
- Renforcer la résilience face aux perturbations climatiques.