L’essentiel
Construire ou faire construire un mur écologique est une option moins coûteuse que l’on pense. Il représente 10 à 20 % de la facture totale d’une maison éco-construite. Ce pourcentage est une moyenne qui peut considérablement varier selon trois principaux facteurs : le coût de la main-d’œuvre (qui compte parfois pour moitié dans la facture), celui du matériau principal (tous les matériaux naturels ne se valent pas en termes de prix !) et celui de l’isolant.
Comme pour toutes les solutions écoresponsables, un mur écologique coûte en général plus cher qu’un mur classique low cost (la parpaing-polystyrène est vraiment économique !). On peut cependant avoir de bonnes surprises niveau prix avec des matériaux 100 % biosourcés : on pensera à des solutions rustiques telles que la paille en guise d’isolant (aux piètres performances cependant) ou à la terre comme principale composante de vos murs.
Bref, calculer le coût d’une construction, c’est tout un art, et comme ça ne s’improvise pas, voici de quoi connaître le prix de votre mur écologique.
Le coût des matériaux pour votre mur écologique
La composition d’un mur écologique
Il existe différents types de murs, mais globalement, la plupart se composent de la manière suivante :
- le remplissage (terre, pierre, etc) ;
- l’enduit(extérieur et intérieur) ;
- Le parement (extérieur et intérieur) ;
- L’ossature, montants et tasseaux (si mur en bois) ;
- Les panneaux isolants.
Tous les matériaux ne se valent pas en termes de qualité et de prix. Pour un mur écologique et biosourcé, les 4 principaux matériaux de remplissage couramment utilisés sont la pierre, le bois, la terre. Dans les cas les plus marginaux, les murs peuvent être construits en terre-paille. Voici quelques éléments pour vous aider à faire votre choix.
Le matériau principal
Le matériau principal d’un mur (ou matériau porteur) est la substance structurelle de base qui compose le mur et qui lui donne sa solidité et sa résistance. Dans certains cas, il peut jouer le rôle d’isolant, même s’il est souvent loin d’être suffisant.
| Type de Mur | Coût Approximatif du matériau pour 1 m² | Avantages | Inconvénients |
| Mur en Bois | 100 € – 200 € | – Aspect esthétique chaleureux et naturel. | – Peut nécessiter un entretien périodique. |
| – Excellente isolation thermique. | – Sensible aux insectes et à la pourriture. | ||
| – Matériau renouvelable et durable. | – Coût initial peut varier en fonction du bois. | ||
| Mur en Pierre | 150 € – 300 € | – Aspect traditionnel et durable. | – Lourd et nécessite une fondation solide. |
| – Résistant aux intempéries et au feu. | – Moins efficace en termes d’isolation thermique. | ||
| – Faible entretien. | – Coût initial élevé. | ||
| Mur en Terre-Paille | 40 € – 80 € | – Matériaux naturels et abondants. | – Besoin de protection contre l’humidité. |
| – Bonne isolation thermique. | – Peut nécessiter une expertise spécifique. | ||
| – Coût relativement bas. | – Durabilité à long terme variable. | ||
| Mur en Terre Crue | 20 € – 50 € | – Matériau naturel, abondant et peu coûteux. | – Sensible à l’humidité et à l’érosion. |
| – Bonne régulation de l’humidité intérieure. | – Peut nécessiter un entretien périodique. | ||
| – Peut être fabriqué localement. | – Sensible aux intempéries sans finition adéquate. | ||
| Mur en Terre Cuite | 50 € – 100 € | – Aspect esthétique naturel et traditionnel. | – Moins efficace en termes d’isolation thermique. |
| – Durable et résistant aux intempéries. | – Coût initial peut varier en fonction de la qualité. | ||
| – Faible entretien. | – Peut nécessiter une fondation solide. |
Particulièrement malléable et très économique, la terre est un matériau intéressant pour un mur, qui peut être mis en place de bien des façons : en brique, en bauge, en pisé…
L’enduit naturel
L’enduit assure l’étanchéité de votre mur et le protège contre les intempéries. Un enduit naturel est composé d’un liant et d’un agrégat. Si vous souhaitez un enduit écologique pour votre mur, trois options s’offrent à vous :
L’enduit en terre paille
L’enduit en terre paille se compose de terre argileuse, de paille et de sable. Ces matériaux naturels peuvent être très peu onéreux si vous vous les procurez à partir de ressources locales. Si vous achetez des enduits en terre déjà tout prêts dans le commerce, comptez entre 25 et 30 € pour couvrir 1m2 de mur.
L’enduit à la chaux
La chaux est une poudre calcaire qui peut servir de liant pour les enduits. Particulièrement prisée pour les murs fragiles (pierre), la chaux peut être aérienne (issue de calcaire pur) ou hydraulique (issue de calcaire argileux). Elle est mélangée à de l’eau et à des pigments. Comptez 10 à 30 € pour couvrir 1 m2 de mur.
L’enduit à l’argile
L’argile est un excellent régulateur d’humidité. Utilisée en tant que liant, elle se mélange à la chaux (pour réguler l’humidité), au chanvre (le mélange parfait pour les murs en pierre) ou à la paille (propriétés isolantes). Comptez 45 € pour un sac de 25 kilos.
Le revêtement
C’est la partie visible de votre mur. Le revêtement mural joue donc un rôle décoratif, mais pas seulement. Il protège aussi la surface du mur contre les dommages mécaniques, tels que les éraflures, les impacts légers, et les égratignures. Combien coûte un revêtement écologique ? Voici de quoi faire votre choix en fonction de votre budget et de vos préférences.
Liège
Le liège est un revêtement à la mode, car en plus d’être un isolant phonique efficace, il est imputrescible et offre un style unique et 100 % naturel à une pièce. En plaque ou en rouleau, son prix varie grandement en fonction de sa qualité et du fournisseur. Pour le matériau seul, comptez 7 à 37 € au mètre carré.
Pierre naturelle : ardoise ou marbre
L’ardoise ou le marbre pour murs se présentent sous forme de plaquettes ornementales. Ces matériaux particulièrement précieux sont appréciés pour la touche de luxe qu’ils apportent à une cuisine ou à une salle de bains. Votre plaque en pierre naturelle peut être appliquée en tant que revêtement, aussi bien sur un mur intérieur que sur un mur extérieur. Mieux vaut pour cela avoir le budget : pour de l’ardoise naturelle, vous devrez débourser entre 110 et 125 € le m2. Le prix du marbre peut quant à lui monter jusqu’à 200 euros au m2.
Peinture
Les peintures acryliques doivent à tout prix être évitées en éco-construction. Mieux vaut privilégier les peintures à l’eau, ou mieux, biosourcées. Il existe une gamme très large de peintures écologiques, de la peinture bio à la peinture à base de chaux, en passant par la peinture biosourcée. Ici, le prix est très variable : vous pouvez trouver des peintures bio à 15 euros le litre, mais certaines peuvent vous coûter jusqu’à 70 euros le litre en fonction de leurs caractéristiques.
Papier peint
Bien que tombé en désuétude depuis une bonne dizaine d’années, le papier peint retrouve ses lettres de noblesse dans l’écoconstruction. En fibres végétales (donc biosourcé), le papier peint naturel vous coûtera 80 à 200 euros le m2.
L’isolant
Appliquer une couche d’isolant entre ses murs est primordial. En effet, des murs écologiques ne le seront que s’ils présentent de bonnes performances thermiques. Pour une empreinte environnementale diminuée, mieux vaut choisir des panneaux isolants biosourcés et si possible issus de ressources locales (liège, chanvre, laine de bois, etc).
Faire construire un mur écologique est-il forcément plus cher ?
Le mur écologique présente un faible impact sur l’environnement tout au long de son cycle de vie, de sa fabrication à sa destruction. L’éco-construction implique d’investir du budget sur certains aspects (matériaux biosourcés achetés en magasin, main-d’œuvre) tandis que sur d’autres, elle vous permettra de faire des économies non négligeables (recyclage de matériaux, récupération, chantiers participatifs).
Une grande part du prix dépendra de votre organisation et des ressources (matérielles, humaines) disponibles pour vos travaux.
Une construction de qualité, ça se paie !
Au cas où vous en doutiez, construire un mur écologique et de bonne qualité demande du temps, des efforts et des ressources. Il ne suffit pas d’élaborer des fondations en terre-paille pour obtenir un mur écologique.
Si certaines étapes peuvent être réfléchies en amont pour être les moins coûteuses possibles, gardez à l’esprit que le mur écologique, c’est :
- Des matériaux locaux, pour réduire la pollution générée par le transport de matières premières ;
- Des matériaux biosourcés, pour limiter l’impact carbone générée par la conception de matériaux synthétiques, en amont de la construction ;
- Une construction qualitative, tant au niveau de la structure que de l’isolation. On évitera ainsi de devoir refaire les murs à moyen terme (eh oui, les travaux, ça pollue) ;
- Des techniques spécialisées, fruit d’un savoir-faire rarement gratuit ;
- Et, pourquoi pas, des effets de compensation : un mur végétalisé naturel peut absorber du CO2 à son propre niveau.
On ne va pas se mentir, tout cela a un prix : en version écolo, le mur est 20 % plus cher qu’un mur classique. Il est cependant loin d’être inabordable.
Une main-d’œuvre rare qui augmente les coûts
Vous n’êtes pas du tout bricoleur, et comptez faire appel à un professionnel du bâtiment pour faire construire vos murs écologiques ? Une main d’œuvre de qualité, c’est souvent plus cher. En effet, les entreprises spécialisées dans l’éco-construction ont généralement une expertise spécifique dans l’utilisation de matériaux et de techniques de construction écologiques. De plus, la conformité à ces normes environnementales plus strictes que les normes légales rend souvent les travaux plus complexes. A titre d’exemple, la construction d’un mur classique par un professionnel qualifié coûte 25 à 70 € le m2 en moyenne. Avec un mur écologique, le prix se situera plutôt dans la moyenne haute.
La loi de l’offre et de la demande peut en effet influencer les prix de vos travaux. Encore timide, le secteur de l’éco-construction commence tout juste à se développer en France et n’est pas encore très connu, avec de très petites structures spécialisées dans la conception de murs écologiques.
Le prix de la certification : outre les normes légales de performances environnementales (RT 2020), certains labels garantissent une construction plus éco-responsable, y compris pour les murs.BBC, HPE, THPE,BEPOS, Passivhaus, Biodiversity… ils coûtent environ 5000 à 10 000 euros aux professionnels du bâtiment et valident des critères de durabilité comme l’efficacité thermique, l’écoconception, etc.
L’autoconstruction de vos murs écologiques
L’autoconstruction des murs est une option populaire pour les bricoleurs les plus aguerris. Vous ne paierez pas la main d’œuvre et économiserez jusqu’à 50 % du prix de vos travaux.
Il faut cependant garder à l’esprit qu’un certain nombre de compétences sont requises pour construire des murs réellement écologiques. Être capable de mesurer la performance, les caractéristiques et la conductivité thermique des matériaux utilisés est essentiel. Il serait dommage d’isoler des murs exposés à l’humidité ou aux fortes chaleurs avec de la laine de mouton, par méconnaissance totale des enjeux de l’éco-construction.
Pour construire vos murs écologiques vous-mêmes, vous devez :
- Vous informer ;
- Avoir un plan d’action précis ;
- Vous faire aider par une personne qui connait le sujet.
Le prix d’un diagnostic thermique : s’il s’agit d’une rénovation, un bon bilan thermique, dès le départ, réalisé par un thermicien qualifié, vous permettra d’y voir plus clair sur les forces et les faiblesses de votre maison et ajuster la réfection de vos murs en conséquence (matériaux, isolation, nature du terrain, climat). Un bilan thermique complet coûte 500 euros : c’est dix fois rien quand on songe aux gains que vous apporteront des travaux ciblés et réussis !
Faire appel à des chantiers participatifs, un bon plan ?
Vous voulez que vos murs tiennent sur le long terme ? Évitez alors de faire travailler des personnes non formées sur le sujet. Les chantiers participatifs sont des solutions formidables lorsqu’ils sont bien organisés : sources de liens sociaux, ils permettent de faire monter en compétence des particuliers sur l’éco-construction d’une maison. Si ce genre de solution peut vous faire économiser de l’argent, vous perdrez un temps conséquent sur votre chantier (eh oui, il ne s’agit pas vraiment d’une main-d’œuvre).
Il s’agit néanmoins d’une bonne solution pour économiser des frais de construction, quand le chantier est organisé dans les règles de l’art. Veillez toujours à ce que les participants soient encadrés par un ou plusieurs experts du bâtiment. Mettez en place des process : prise de mesure des murs, dosages des mélanges pour le mortier, etc. Par ailleurs, dommages corporels et matériels subis par les volontaires (il y en a bien plus souvent qu’on ne le croit ! ) doivent être couverts au moyen d’une bonne assurance.
Un chantier bien mené :gardez à l’esprit que le chantier participatif, c’est donnant-donnant : les volontaires viennent souvent acquérir des compétences dans l’optique de construire leur propre maison. S’il est mal organisé, si les volontaires ont la sensation de faire du sur-place et de ne rien apprendre, ou en cas de mauvaise ambiance, le découragement peut vite s’installer.
