La voiture électrique, enjeu socio-politique pour les producteurs de lithium

L’essentiel

Alors que la commercialisation de la voiture électrique devient une réalité, les réserves de lithium revêtent un caractère géostratégique. Les pays producteurs entendent en profiter et cherchent à créer sur leur territoire national une « économie du lithium ». Pour les populations, entre rhétoriques électorales et malédiction des matières premières, les retombées sont encore loin d’être visibles.


Réserves mondiales de lithium : abondantes mais difficiles d’accès

Les principales réserves connues à ce jour se trouvent dans les Andes (en Bolivie, en Argentine et au Chili). Ailleurs dans le monde, on trouve du lithium dans les lacs salés du Tibet, aux États-Unis, en Russie, en Australie et au Québec.

Le lithium et la rampe de décollage pour l’économie locale

En effet, à l’instar du pétrole, le lithium est appelé à devenir une manne gigantesque pour les pays producteurs. Ainsi, la Bolivie qui dispose du plus grand gisement du monde dans le désert salé d’Uyuni compte sur ce minerai pour sortir de la pauvreté.

Le piège des pays producteurs de pétrole

Beaucoup d’acteurs ont profité des retombées de l’or noir, mais très rares sont les pays qui ont réellement réussi à redistribuer ces richesses à l’ensemble de la population. L’économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, en vient ainsi à évoquer une « malédiction des matières premières ». Ainsi, ces pays s’enferment dans un schéma de « pays-mine » sans industrie de transformation à plus forte valeur ajoutée.

Profiter des mannes de l’exploitation pour créer une industrie d’aval (transformation, batteries, voitures électriques)

Seule cette « économie du lithium » peut leur permettre de garder le contrôle sur leurs richesses ; et d’éviter d’être la proie des multinationales telles que Chemetall et Bolloré qui dominent déjà le marché. C’est pour cette raison qu’Evo Morales, le président de la Bolivie, a décidé que l’exploitation du lithium bolivien serait réalisée par des entreprises nationales. Une filière bolivienne du lithium, avec production de batteries et de voitures électriques, devrait être mise en place.

Lithium : un enjeu politique

En politique intérieure, les gouvernements des pays producteurs se servent de leur politique du lithium comme d’un gage donné à leurs électeurs de ne pas brader les richesses naturelles aux mains des entreprises étrangères. Mécaniquement, sur le terrain diplomatique, cela accentue les tensions et les inquiétudes sur le marché. Beaucoup de pays producteurs considèrent ainsi leurs réserves en lithium comme un vecteur de reconnaissance mondiale.