L’essentiel
En Norvège, 20% des voitures qui roulent sur la route sont électriques, et 80% des véhicules neufs vendus sont à batterie. Une belle preuve de la montée en puissance de l’électrique, qui nous montre la route à emprunter pour les prochaines années.
Car si le marché progresse en France, il représente encore une minorité par rapport aux voitures à essence, qui sont encore légion au sein de l’Hexagone. Une tendance qui devrait s’inverser dans quelques années puisque, d’ici 2035, il sera interdit de vendre des voitures neuves à essence en Europe.
Pourquoi la voiture électrique fait-elle autant débat ? Comment fonctionne-t-elle ? Ce type de véhicule est-il aussi écologique qu’on le dit ? Réponse dans ce guide complet sur la voiture électrique.
Sur les traces de la voiture électrique : une histoire sur les chapeaux de roues
Des balbutiements…
Tout commence dans les années 1830, lorsque Robert Anderson produit le premier prototype de véhicule électrique à partir d’une calèche. Il sera suivi 4 ans plus tard par Thomas Davenport, qui conçoit le premier modèle de voiture électrique, qui ressemble davantage à une locomotive.
Il faudra attendre 1852 pour que la première voiture électrique soit mise sur le marché. Le problème ? La recharge de batterie n’existe pas encore…
… vers le succès
La solution arrive en 1859 grâce Gaston Planté, qui invente la batterie rechargeable au plomb acide. Enfin, la voiture électrique peut réellement être viable !
Les années 1880 et 1890 marquent d’ailleurs de très nets progrès, avec la “Jamais Contente”, qui bat un record de vitesse en dépassant les 100 km/h. L’automobile électrique rencontre un tel succès qu’en 1900, 38% du marché américain de la voiture est électrifiée. Faciles à démarrer, pas de nuage de fumée noire : elle démontre sa supériorité face aux voitures thermiques.
La voiture électrique plongée dans l’oubli
La commercialisation de la Ford T, accessible et bon marché, constitue un véritable tournant pour la voiture électrique, qui est délaissée au profit des véhicules thermiques. L’automobile électrique sombre pendant plus d’une cinquantaine d’années dans l’oubli…
La renaissance d’une automobile plus respectueuse de l’environnement
Au tournant des années 70, la pollution devient un véritable enjeu mondial, qu’il faut prendre au sérieux. Face à la menace du réchauffement climatique, la voiture thermique fait office de mauvais élève, et permet au véhicule électrique d’entrer dans la lumière à nouveau. Dans les années 90, tous les grands constructeurs se mobilisent pour lancer des modèles de voitures écologiques, qui n’ont malheureusement qu’une faible autonomie.
C’est véritablement 20 ans plus tard, dans les années 2010, que l’intérêt se manifeste réellement pour les voitures électriques. Nissan présente la Leaf 100% électrique, la première voiture électrique commercialisée dans le monde, tandis que Tesla commercialise le roadster 100% électrique revendiquant 340 km d’autonomie. En bref, les progrès sont incroyables et le marché est au rendez-vous !
D’abord pour les voitures hybrides, puis pour les modèles 100% électriques, dont la croissance est impressionnante. Ainsi, on compte aujourd’hui un parc mondial de 25,9 millions de voitures électriques (hybrides rechargeables comprises). Le succès est en marche !
Quelques chiffres sur la voiture électrique
- Plus de 62 000 points de recharge ouverts au public en France au 31 mai 2022
- En décembre 2021, plus de 40 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables ont été immatriculés
- Les ventes mondiales de véhicules électriques ont doublé en 2021.
- 79% des conducteurs ayant déjà un véhicule électrique rachèteront un modèle similaire lors de leur prochain achat.
5 notions à connaître pour comprendre la voiture électrique
Pas facile de comprendre le langage voiture électrique quand on est habitué aux véhicules thermiques ! Et pour cause, vous entrez dans une toute nouvelle galaxie de mots et un nouvel écosystème. Voici les terms principaux à retenir :
Le kilowatt (kW)
Le kilowatt permet d’exprimer la puissance de charge d’un véhicule, c’est-à-dire le débit d’électricité qu’elle peut accepter et qu’une borne est capable de lui délivrer. Vous l’aurez deviné : plus la puissance de charge est grande, plus la charge sera rapide.
Le kilowattheure (kWh)
Vous devez très certainement avoir déjà aperçu cette mesure sur votre facture d’électricité, qui vous indique la quantité d’électricité consommée !
Dans le langage de la voiture électrique, le kWh permet d’exprimer la quantité d’énergie stockable dans une batterie, mais aussi la quantité d’énergie délivrée à la batterie de votre véhicule par une borne de recharge. C’est l’équivalent du litre de carburant pour la voiture thermique.
💡 Bon à savoir : Là où le kW exprime une puissance, le kWh traduit une quantité
Le kWh/ 100 km
Cet indicateur permet de suivre la consommation de votre véhicule, afin d’adapter au mieux vos habitudes de conduite.
Borne de recharge
C’est l’équivalent de la station essence pour la voiture électrique ! La borne permet de recharger votre véhicule lorsque la batterie est déchargée, et ce à l’aide d’un câble muni d’un connecteur.
Là encore, il faut distinguer 3 bornes différentes :
- Les bornes domestiques : elles n’excèdent souvent pas 7kW.
- Les bornes dans les parkings ou sur la voirie : elles ont une puissance généralement comprise entre 7 et 22 kW.
- Les bornes sur les autoroutes : elles permettent de bénéficier d’une puissance allant entre 40 kW et 350 kW.
💡 Bon à savoir : Plus la puissance est forte, plus la charge de votre véhicule sera rapide.
Autonomie WLTP et autonomie réelle
Il faut faire une réelle distinction entre l’autonomie WLTP, exprimée par les constructeurs de véhicules pour parler de la distance maximale qu’une voiture électrique entièrement rechargée peut parcourir, et l’autonomie réelle de votre véhicule.
En effet, il s’agit d’une autonomie théorique, qui ne prend pas en compte de nombreux paramètres : vitesse, météo, conduite, relief, poids transporté…
Comment fonctionne la voiture électrique ?
Maintenant que vous avez des notions de base sur la voiture électrique, et que vous êtes un expert de son évolution, venons-en au fait : comment fonctionne exactement une automobile électrique ?
Pistons, boîtes de vitesses, courroies : il n’y a rien de tout ça sur la voiture électrique. Vous l’aurez compris, contrairement au modèle thermique, elle ne roule ni à l’essence ni au diesel, mais est propulsée par l’électricité. Elle fonctionne donc avec une batterie intégrée, qu’il faudra recharger à partir d’une source d’énergie électrique externe pour continuer à rouler. Pour mieux comprendre, voici comment l’énergie est distribuée étape par étape.
- La recharge de la voiture
Tout commence avec la recharge, qui va permettre de faire le plein du véhicule. Cela nécessite de brancher la voiture à une borne à l’aide d’un câble muni de connecteurs adaptés. Une fois la connexion réalisée, le courant électrique alternatif (AC) qui circule dans le réseau de distribution chemine le long du câble connecté à la voiture. Cette dernière s’assure que le courant est conforme avant d’autoriser l’électricité à traverser le convertisseur, qu’on appelle aussi chargeur embarqué.
- Le convertisseur du moteur électrique
C’est à ce moment que le courant alternatif du réseau se transforme en courant continu (DC), les batteries ne pouvant stocker que l’énergie sous forme de courant continu.
- La batterie
Le courant parvient enfin à la batterie, où il se répartit à l’intérieur des cellules qui la composent. Comme évoqué plus tôt, la quantité d’énergie stockable est exprimée en kWh.
- Le moteur
Pour finir, le courant est dirigé vers un ou plusieurs moteurs électriques, où un onduleur est chargé de transformer le courant continu stocké dans la batterie en courant alternatif pour le fonctionnement du moteur.
Concrètement, le moteur électrique exploite la force électromagnétique pour générer du mouvement. Les pièces qui le composent convertissent l’électricité en énergie mécanique. La partie statique de la machine, le « stator », grâce à la force du courant, fait tourner le « rotor », qui correspond à la pièce mobile.
💡 Bon à savoir : il existe deux types de véhicules en la matière : les voitures 100% électriques et les modèles hybrides. Les derniers combinent un moteur électrique et thermique, ainsi qu’un réservoir à carburant et une batterie de taille réduite.
Les voitures électriques sont-elles vraiment écologiques ?
En France, le secteur des transports est le principal responsable de la pollution : en 2019, il représentait 31% des émissions de gaz à effet de serre. Pour remédier à ce problème, la solution semblait toute trouvée : la voiture électrique permettrait de remplacer les voitures thermiques si polluantes.
Métaux rares, effets rebond, problème de recyclage : des voix se sont pourtant faites entendre au fur et à mesure des années pour contredire le discours dominant. Non, la voiture électrique n’est pas toute verte. Démêlons ensemble le vrai du faux.
La voiture électrique n’émet pas de CO2
C’est partiellement vrai ! N’ayant pas de pot d’échappement, le véhicule électrique n’émet par définition pas de CO2. Toutefois, la production d’électricité repose en grande majorité sur les centrales nucléaires et génère donc des déchets dangereux pour l’environnement.
Cette émission reste néanmoins bien inférieure à la voiture thermique et s’amenuisera au fil des années. En effet, la part des énergies renouvelables dans les mix électriques va croissante, rendant la production d’électricité de moins en moins émettrice de CO2.
Il existe une dette de départ
Oui, la voiture électrique part avec une plus grande dette carbone que la voiture thermique, liée à sa production. En effet, c’est la batterie qui plombe le bilan écologique du véhicule électrique et qui fait qu’elle pollue avant même d’avoir roulé un seul kilomètre.
Pourquoi ? Parce que les métaux qui la composent sont rares et extraits de pays où il est difficile de garantir les droits humains et la protection de l’environnement. L’extraction et la transformation de ses matériaux est en fait bien plus polluante que pour la voiture fossile. Sans parler du recyclage des batteries lithium ion, qui pose encore question.
💡 Bon à savoir : Ça bouge de ce côté-là ! À Amsterdam, une dizaine de batteries Nissan Leaf ont été reconverties en système de stockage d’électricité de secours alimenté par des panneaux solaires dans le stade Johan Cruyff Arena.
La dette carbone est vite compensée à l’usage
Pour la majorité des cas, oui. Bien que partant avec une dette, la voiture électrique montre un réel avantage au fil des kilomètres en termes d’émissions de CO2. Là encore, tout dépend du véhicule en question : une citadine aura vite remboursé sa dette, tandis qu’un SUV nécessite d’avoir beaucoup de kilomètres au compteur pour compenser sa dette.
Il est donc préférable de choisir un véhicule léger et de petite taille afin que celui-ci soit écologique.
💡 Bon à savoir : À titre d’exemple, pour une berline compacte, le point de bascule se situe aux environs de 70 000 km.
La voiture électrique n’a pas pour ambition de détrôner la voiture thermique sur les trajets longue distance. Néanmoins, ce modèle de « voiture propre » a le mérite de participer à la révolution de la mobilité urbaine et durable. 36 km, c’est la moyenne des trajets quotidiens parcourus par les Français. Ainsi, à côté des transports en commun, du système d’autopartage, du vélo et de la voiture polluante, la voiture électrique a toute sa place.
Les avantages et les inconvénients du véhicule électrique
Avantages | Inconvénients |
– Pas d’émissions de CO2 – Silencieuse – Économique à l’utilisation – Pas de restrictions de circulation – Favorise le développement des énergies renouvelables – Peu d’entretien | – Prix d’achat initial élevé – Une dette carbone de départ – La recharge peut être une contrainte – L’autonomie sur les longues distances |
Combien coûte une voiture électrique ?
Difficile de donner une réponse nette et précise à cette question ! Prix d’achat, autonomie, batterie, entretien et assurance : de nombreux facteurs sont à prendre en compte afin d’estimer le coût réel d’une automobile électrique.
Le prix d’achat
Il peut souvent être dissuasif pour les automobilistes. D’après une étude menée par le cabinet Deloitte et publiée début 2023, 8 % des sondés issus de 24 pays envisageraient d’acheter un véhicule électrique, mais le prix bloque 56 % d’entre eux.
Et pour cause, le prix moyen d’une voiture électrique se situe entre 30 000 et 50 000 euros, pouvant aller jusqu’à 90 000 euros pour des modèles haut de gamme (on pense notamment à Tesla). C’est environ 10 000 euros de plus qu’un véhicule thermique neuf.
Bon à savoir : Vous pouvez bénéficier de plusieurs aides à l’achat pour faire l’acquisition d’une voiture électrique :
- La prime à la conversion (jusqu’à 6000 euros)
- Le bonus écologique pour les foyers les plus modestes (jusqu’à 7000 euros)
- Une surprime de 1000 € aux ménages habitant dans le périmètre d’une Zone à faibles émissions-mobilité (ZFE).
La recharge
Le coût d’usage d’une voiture électrique constitue clairement son point fort. En témoigne le prix de l’électricité par rapport à celui de l’essence.
On estime que le prix au kilomètre d’une recharge à domicile est trois à quatre fois moins cher que celui d’un véhicule thermique. La meilleure solution consiste donc à investir dans une borne de recharge chez soi, en achetant une Wallbox (entre 1200 et 1500 euros).
Quant aux bornes de recharge publiques, elles peuvent se révéler plus coûteuses (en restant néanmoins 2 à 3 fois moins cher que l’essence).
Le coût d’entretien
C’est la bonne nouvelle ! Le véhicule électrique ne requiert que très peu d’entretien, et ne génère donc pas beaucoup de frais supplémentaires, ce qui n’est pas négligeable sur le cycle de vie d’une voiture. On estime que les économies d’entretien peuvent atteindre les 4 000 euros sur seulement un an ! Vous pouvez dire adieu aux vidanges, aux filtres à changer, aux courroies de distribution…
Quels critères pour choisir une voiture électrique ?
Pas question de foncer tête baissée et d’acheter le dernier modèle en vue ! Il est essentiel d’évaluer plusieurs paramètres avant de prendre votre décision, en considérant vos besoins :
- L’autonomie
C’est la distance maximale que le véhicule pourra parcourir en étant rechargé à bloc. Pour en avoir le cœur net, il faut se référer aux kWh. Attention toutefois, car l’autonomie WLTP ne correspond pas à l’autonomie réelle – elle varie en fonction de la consommation en kWh/100 km.
💡Bon à savoir : Les batteries de 60 kWh de capacité nette avec une charge pleine offrent 300 km d’autonomie. Leur consommation est, donc, de 20 kWh/ 100 km.
- L’usage
Vous réalisez un trajet de 10 km pour vous rendre au travail tous les matins ? Parfait, n’importe quelle voiture électrique fera l’affaire, sans que vous ayez à tenir compte de son autonomie. En revanche, si vous êtes habitué aux longs trajets et aux voyages, votre choix sera plus difficile. Il faudra plutôt vous orienter vers une voiture électrique avec une batterie d’une capacité minimale de 70 kWh.
- La vitesse de recharge
Si vous ne voulez pas passer une éternité à recharger votre véhicule avant de pouvoir rouler avec, il est fortement conseillé de faire attention à sa vitesse de recharge. Plus la puissance est élevée, plus elle est rapide et le temps de charge devient plus court.
- Le prix
Il s’agit d’un critère déterminant pour la quasi majorité des automobilistes. Ne vous laissez pas effrayer par le prix d’achat du véhicule et souvenez-vous : vous allez amortir les coûts à l’usage et en réduisant les frais liés à l’entretien. Entre citadines et voitures électriques hauts de gamme, le fossé se creuse en termes de prix, et il faudra faire un choix en fonction de votre budget.
Les 5 choses à savoir avant d’acheter un véhicule électrique
- L’autonomie est diminuée en hiver
Non seulement les conducteurs utilisent plus de fonctionnalités qui consomment en hiver (chauffage, éclairage…), mais le lithium peut en plus rencontrer des difficultés à bien fonctionner sous de basses températures. Résultat : il est possible que l’autonomie du véhicule soit réduite 30, 40, voire 50%.
- Le réseau de recharge se développe de plus en plus
Avec l’essor de la voiture électrique vient logiquement l’augmentation du nombre de bornes de recharge. En juillet 2022, on comptait 26.500 stations ouvertes au public en France, pour un total de 67.000 prises.
La loi du 17 août 2015 fixe notamment à 7 millions de points de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables l’objectif minimum à atteindre à l’horizon 2030.
- Le droit à la prise progresse
Le « droit à la prise » est le droit de tout habitant d’un immeuble, propriétaire ou locataire utilisateur d’un véhicule électrique ou désirant le devenir, de demander à installer à ses frais une borne de recharge sur une place de parking de la copropriété.
La réglementation progresse, puisque des sociétés de service facilitent l’opération et proposent même un système de facturation consacrée à l’installation et bornes de recharge.
- Les opérateurs favorisent l’itinérance
Auparavant, il était difficile de voyager à travers la France en n’utilisant le badge que d’un seul opérateur. Aujourd’hui, cela devient possible grâce au principe d’itinérance par lequel il est possible de payer sur un réseau en utilisant une carte d’un autre réseau ou d’un opérateur de recharge. De quoi faciliter la vie aux conducteurs !
- En cas de panne, une prise suffit
Si vous tombez en panne, une simple prise de courant permettra de vous dépanner. Vous risquez d’attendre plusieurs heures, mais vous pourrez suffisamment recharger votre véhicule pour arriver à destination ou atteindre la borne la plus proche.
Et après ? Le futur de la voiture électrique
L’avenir de la voiture électrique est intrinsèquement liée à celui de la voiture thermique… qui est en train de vivre ses dernières années. En effet, le Parlement européen s’est prononcé en faveur de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs dès l’année 2035. Un point de rupture qui devrait favoriser la multiplication des véhicules électriques, qui connaît de nombreux progrès et pourrait bien surprendre les automobilistes dans les prochaines années.